Paris et Haussmann.

Bonjour, moi c'est Georges Eugène Haussmann:
Georges Eugène Haussmann est né à Paris dans une famille très attachée à sa foi protestante-luthérienne et dont les ancêtres au XVIe siècle ont fui les persécutions en Saxe puis en Alsace ; d’où son nom aux consonances germaniques dont il dit avoir souffert dans sa jeunesse.
Il fait des études rapides et brillantes et entre très tôt dans l’Administration préfectorale où son amitié avec le duc d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe, facilite le démarrage de sa carrière.
Il est successivement secrétaire général de la préfecture de la Vienne, sous-préfet d’Yssingeaux, puis de Nérac, de Saint-Girons, de Blaye. Dans tous ces postes, il fait preuve d’une grande curiosité pour les problèmes de la région qu’il parcourt inlassablement à cheval et d’une énergie inépuisable au service des deux grandes urgences du moment : les routes et l’école.
Entre temps, fidèle au protestantisme, il épouse une jeune fille d’origine suisse, Octavie de Laharpe dont le frère est pasteur à Bordeaux.
Pendant la période troublée de la deuxième République, Haussmann manifeste ses qualités d’administrateur comme conseiller de la préfecture de la Gironde, préfet du Var, puis de l’Yonne et enfin préfet de la Gironde.
Après le coup d’état du 2 décembre 1851, puis le rétablissement de l’Empire, Napoléon III le récompense très vite en le nommant le 23 juin 1853 préfet de Seine.
Dans ses différentes préfectures plus ou moins fidèles au souvenir du 1er empire, il soutient les idées du prince président.
Aux commandes de Paris dont la modernisation est un des grands projets de l’empereur, capable, dit ce dernier de « mobiliser tout un peuple » et d’être « le brevet de compétence » du nouveau régime.
Le but est de créer des voies de communication et des infrastructures qui faciliteront le commerce, mais aussi la vie quotidienne des habitants, leur assurant une meilleure hygiène et un niveau de vie plus élevé. Soutenu par Persigny, ministre de l’intérieur, Haussmann s’entoure d’une équipe dévouée et efficace, Dumas, le scientifique, Hittorff, Baltard, Ballu, Garnier, les architectes. Il est aussi aidé par Pereire et Rothschild, les banquiers rivaux mais toujours présents ; ainsi que par plusieurs banquiers protestants.
Le financement se fait par un système d’emprunt gagé par les recettes de la ville en constante augmentation et présenté comme le modèle de « dépenses productives », ingénieuse formule inventée par Persigny et Haussmann – mais qui à la fin fera accuser ce dernier d’avoir dilapidé les fonds publics.
Pendant seize ans, soutenu par la confiance de Napoléon III qui ne lui fera jamais défaut et grâce à son inépuisable énergie, Haussmann conduit la transformation du vieux Paris des rois en une capitale moderne qui sera un exemple pour toutes les villes européennes.
Pour finir, une anecdote qui montre la fidélité, et l’attachement d’Haussmann au souvenir de la Réforme en France : quand pour des nécessité de dégagement de la place entre la colonnade du Louvre et l’église Saint Germain l’Auxerrois, Achille Fould, ministre d’État soutenu par l’empereur Napoléon III, réclame la démolition de cet édifice, Haussmann pourtant convaincu du peu d’intérêt esthétique de l’église, s’y oppose parce que ce sont les cloches de Saint-Germain l’Auxerrois qui ont donné le signal de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572.
Voilà comment, j'ai marqué l''Histoire de Paris:
Il convient de rappeler que le XIXème siècle est marqué par la restructuration des grandes villes françaises et européennes. L’exemple de Paris est significatif dans la mesure où, dans son sillage, de nombreuses villes de province, dont Montpellier, ont modifié leur physionomie.
Au milieu du XIXème siècle, Paris se présente à peu près sous le même aspect qu’au Moyen Âge avec des ruelles étroites, souvent insalubres et sombres. C’est à la suite d’un séjour à Londres en 1846-1848, que Napoléon III, impressionné par les quartiers ouest de la capitale anglaise reconstruits dans une perspective hygiéniste et dans un nouvel élan d’urbanisme moderne et plus rationnel, décide de donner un nouveau visage à Paris.
Les travaux sont confiés au nouveau préfet Georges Eugène HAUSSMANN (1809-1891). Il s’agit de proposer, par cette transformation radicale, une meilleure circulation de l’air et des hommes pour éviter notamment la propagation des maladies (le souvenir de l’épidémie de choléra de 1832 est encore très présent). Le programme architectural et urbanistique prend le nom de "Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie".
Au-delà de ce désir d’embellissement et d’assainissement, il est aussi question d’avoir une meilleure maîtrise d’éventuels soulèvements comme le mentionne HAUSSMANN à Napoléon III " [il faut] " accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres [...] comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l'invasion des ouvriers de la province".
Concrètement, les travaux d’HAUSSMANN se caractérisent par la ligne droite, ce que l’on a appelé au XIXème siècle le "culte de l’axe". De grands boulevards et avenues sont percés pour relier les quartiers entre eux, de nombreux bâtiments sont détruits pour laisser place à de nouvelles constructions qui respectent des normes strictes en termes de hauteur et de style architectural, avec notamment une uniformité des façades. L’immeuble de rapport et l’hôtel particulier s’imposent comme modèles de référence avec un désir de rationalité et de cohérence d’ensemble. Parcs, jardins et squares sont également aménagés afin de contribuer à l’impératif hygiéniste et à la nécessité d’un mieux vivre avec des lieux dédiés au repos et à la promenade (Parc Montsouris ou Parc des Buttes-Chaumont dans Paris intra muros et Bois de Vincennes et de Boulogne en périphérie).
Les maîtres mots de ce grand projet parisien sont, outre l’esthétique rationnelle et l’hygiène, la perspective et l’unité. La Place de l’Etoile est le point d’orgue et la parfaite illustration de cette nouvelle vision de la ville. Des églises sont également bâties ainsi que des circuits d’adductions d’eau et un réseau moderne d’égouts (en collaboration avec l’ingénieur BELGRAND), des théâtres (Théâtre de la ville et Théâtre du Châtelet) et deux gares, la Gare de Lyon et la Gare de l’Est.
Cette restructuration de Paris, fort onéreuse, qui a largement modifié le visage de la ville s’ancre dans des problématiques modernistes et traduit l’esprit du XIXème siècle en termes d’activité et de mode de vie alliant travail, loisirs, consommation, circulation et voyage.

Plus de détails sur les transformations :
le premier réseau (1852-1859)
Egalement appelé "la croisée de Paris", le premier réseau a été commencé par le préfet BERGER. Son successeur, le baron HAUSSMANN va le mener à son terme.
L'idée de ce premier réseau est de réaliser deux voies qui se croisent à angle droit, l'une nord-sud (rue Saint-Michel, boulevard de Strasbourg et boulevard Sébastopol), l'autre est-ouest (rue de Rivoli et rue Saint-Antoine).
Ce projet, qui date de la révolution française, est finalisé sous le second Empire et constitue l'armature de la transformation de Paris.
Environ 9,5 kilomètres de voies ont été créés dans ce premier réseau.
Les réalisations principales en sont :
• le boulevard de Strasbourg, le boulevard de Sébastopol, le Pont-au-Change, le boulevard du Palais et le boulevard Saint-Michel, jusqu'à l'Observatoire,
• le prolongement de la rue de Rivoli vers l'est au-delà du Louvre et élargissement de la rue Saint-Antoine
• le boulevard Saint-Germain et le pont de Sully
• les boulevards de Port-Royal et Saint-Marcel
• rue de Rennes et rue Monge, rue Gay-Lussac et rue Claude Bernard. Elargissement de la rue Soufflot
• l'actuelle avenue Foch
le deuxième réseau (1859-1867)
Le deuxième réseau comprend, entre autres et sur environ 26 kilomètres, les travaux suivants :
• sur la rive droite :
- l'ouverture de l'actuelle Place de la République et le percement de l'actuel boulevard Voltaire, du boulevard Magenta et de la rue Turbigo,
- la place de l'Europe et le désenclavement de la gare Saint-Lazare,
- le boulevard Malesherbes
- le quartier Monceau, en partie sur l'ancien parc Monceau
- l'aménagement de la Place de l'Etoile et des avenues aux alentours
- l'avenue Daumesnil jusqu'au bois de Boulogne et transformation de celui-ci
- arasement de la colline de Chaillot; percement de l'actuelle avenue Georges V, de l'actuelle avenue du Président Wilson, des rues François 1er, Pierre Charon, Marbeuf et de Marignan
• sur la rive gauche :
- construction des avenues Bosquet et Rapp
- prolongation de l'avenue de la Tour Maubourg
- création des boulevards Saint-Marcel et Port-Royal
- le boulevard Arago
- ouverture du Boulevard Raspail
- modification des accès de la Montagne Sainte-Geneviève
- profonde modification de la Cité, l'un des quartiers les plus sordides de Paris
le troisième réseau (1869-1925)
Le troisième réseau (28 kilomètres), décidé en 1867 causa sans doute la chute d'Haussmann, tant les parisiens étaient las de plus de 15 ans de travaux.
L'opposition, qui avait combattu ce projet pour faire tomber le Second Empire, le reprit à son compte et la Troisième République réalisa la plupart des projets prévus et termina les travaux commencés sous Haussmann (le premier préfet de la Seine de la Troisième République est Alphand, ancien responsable du service des Promenades et Plantations d'Haussmann):
• sur la rive droite :
- le réaménagement des Champs-Élysées
- aménagement de la Place du Château d'Eau et création de l'avenue des Amandiers et le prolongement de l'avenue Parmentier,
- achèvement de la place du Trône et ouverture des avenues Philippe-Auguste, Taillebourg et de Bouvines,
- prolongement de la rue Caulaincourt
- percement de la rue de Châteaudun en liaison entre la gare Saint-Lazare et les gares du Nord et de l'Est
- prolongement de la rue Lafayette et de la rue de Maubeuge
- construction de l'Opéra (inauguré en 1875)
- achèvement de l'avenue de l'Opéra (1877)
- achèvement du boulevard Henri IV (1879)
- achèvement de l'avenue de la République (1889)
- achèvement du boulevard Raspail (1907)
- prolongement du boulevard Haussmann à partir de la place Saint-Augustin (1927)
- reliant ainsi le nouveau quartier de l'Opéra à celui de l'Etoile
- création de la place du Trocadéro
-création de la place Victor Hugo avec les percements des avenues Malakoff et Bugeaud et des rues Boissière et Copernic
- achèvement du Rond-Point des Champs-Elysées, avec percement de l'actuelle avenue Franklin-Roosevelt et de la rue La Boétie
• sur la rive gauche :
- percement du boulevard Saint-Germain (projet personnel d'HAUSSMANN) du pont de la Concorde à la rue du Bac (1877), de la rue des Saints-Pères et de la rue de Rennes
- prolongement de la rue de la Glacière et aménagements de la place Monge
Les procédés d'amélioration de la voirie : l'alignement, l'élargissement et la percée des voies